« Le bateau, c’est le plaisir, la liberté, la nature »

Stefan Keller adore les bateaux. Il en vend chaque année jusqu’à une centaine avec son entreprise située sur le Lac de Neuchâtel. Ce membre du LC Neuchâtel observe le marché du nautisme évoluer gentiment – comme la voiture – vers la propulsion électrique.

« Le bateau, c’est le plaisir, la liberté, la nature », lance Stefan Keller. Membre du LC Neuchâtel, il exploite son chantier naval à Hauterive, sur les rives du Lac de Neuchâtel. Des bateaux, il en vend jusqu’à une centaine par an. Dans toute la Suisse, et même au-delà. Son entreprise figure ainsi parmi celles qui écoulent le plus d’unités annuellement dans notre pays.

98 000 bateaux immatriculés en Suisse
L’été, c’est le moment fort de la navigation de plaisance et la Suisse avec ses nombreux lacs et cours d’eau navigables est un endroit idéal pour cela. Selon l’Office fédéral de la statistique, le pays compte ainsi près de 98 000 bateaux immatriculés. Il dispose en outre des normes parmi les plus sévères en ce qui concerne la gestion des impacts environnementaux de la navigation. De quoi ouvrir la voie à la navigation électrique ? « Ce n’est pas encore un vrai sujet. Les constructeurs y croient à fond et proposent des modèles. Le public montre un intérêt timide. Mais cela ne se concrétise pas encore forcément en ventes », estime Stefan Keller. Lui représente plusieurs marques de constructeurs européens ou américains. Il n’a pour l’heure pas vendu de grosse unité qui soit propulsée aux électrons.

Marché de l’électrique pas encore prêt
« Le marché du bateau électrique suit celui de la voiture, mais avec un gros temps de retard. Pour l’heure, les infrastructures ne sont pas encore à disposition. Les ports ne sont pas équipés de prises de charge, par exemple. Et les professionnels comme nous n’ont pas encore les compétences en matière de courant fort pour travailler sur les batteries. Et enfin, l’électricité et l’eau, c’est un mélange qui peut faire peur et expliquer certaines réticences », souligne encore Stefan Keller. Ainsi, fort peu de bateaux entièrement électriques naviguent sur les eaux suisses aujourd’hui. Par contre,
nombre d’embarcations à moteur hors-bord (ndlr : soit pas intégré à la coque, mais fixé sur celle-ci) sont passés au tout électrique. Notamment les voiliers, qui utilisent ce moyen pour les entrées et sorties de port. « C’est plus simple, car la batterie peut facilement être
démontée et chargée à la maison. » Rien que dans le canton de Neuchâtel, un peu plus de 150 bateaux avec une propulsion de ce style sont enregistrés. Existe encore une dernière catégorie, hybride, dont le moteur thermique actionne une propulsion électrique. Là aussi, fort peu représentée pour l’instant. Selon l’Office fédéral de la statistique, dans les 17 cantons pour lesquels les données sont disponibles, un peu plus de 4 % des bateaux à moteur étaient équipés d’un moteur électrique en 2021. Il n’empêche que le bateau électrique semble être une alternative d’avenir pour la
navigation de plaisance. « C’est dans l’air du temps et cela va arriver bientôt sur les eaux intérieures. Quand le marché sera prêt, nous le serons aussi. Et ça va démarrer fort. Car naviguer à l’électricité, cela veut dire le silence complet, juste avec le clapotis de l’eau sur la coque. »
Patrick Di Lenardo

Stefan Keller sur un des bateaux amarrés au port d’Hauterive (NE). (Photo P. Di Lenardo)